samedi 11 novembre 2017

Sans Homicides Fixes, Thierry Benoit.



Sans Homicides Fixes, Thierry Benoit.

Nombre de pages : 616.
Editeur : Editions Cairn.

Langue : Français.

"Tu fais un coupable très présentable : SDF, ancien taulard, présent sur la scène de crime, Arabe, exilé volontaire en Ariège... Sans homicide fixe. Le gendarme tenait son arme à bout de bras. En déplaçant ses jumelles, Mehdi suivit la direction du pistolet. Il eut à peine le temps d apercevoir la vache. Le sang gicla entre les deux cornes, l animal s effondra et il entendit le coup de feu avec le léger décalage dû à la distance. Sans jeter un coup d oeil au bovin, les militaires s'étaient précipités vers une touffe de ronces à quelques pas de l animal. Mehdi cherchait en vain l objet de leur agitation quand la cavalerie entra en scène : six voitures de pompiers et de gendarmerie approchaient, sirènes hurlantes. Il n'y comprenait rien, mais sa vieille expérience de vagabond lui commandait la prudence : mettre les voiles. Adieu sédentarité ariégeoise, retour à la rue toulousaine."

Hello,

On se retrouve pour une chronique de mon tout premier “polar”.
Je ne m'attendais pas à une brique, 600 pages, pour mon tout premier polar... J'ai eu peur je l'avoue. Mais je n'ai pas vu passer ces 600 pages, j'en redemande même.

On y rencontre Mehdi, un jeune trentenaire SDF, qui n'a pas la vie facile, mais qui se bat. Il n'a pas vraiment d'ami, il est très solitaire. Il n'a pas de copine, rien de tout cela. Il a des gens sur qui compter, on s'en rends compte au fil de l'histoire. C'est un personnage attachant, qui a un bon fond, mais qui a un sacré caractère. Il ne se laisse pas faire, réponds souvent, même quand il risque quelque chose. Il est aussi accro à l'alcool, malheureusement, et j'ai eu mal au coeur de le voir en manque. C'était pour son bien, mais ça le poussait à faire des choses bêtes.

Mehdi est Arabe, et est présent sur la scène d'un crime. Au mauvais endroit, au mauvais moment. Et même s'il ne retrouve rien sur le corps (cela serait compliqué..), les flics l'accusent lui, c'est lui le principal suspect.. parce qu'il est Arabe, et SDF. Mais surtout Arabe, c'est important de le dire. Parce que certes, là, ce n'est qu'un livre, mais c'est la réalité. Tu as plus de chance d'être jugé coupable si tu es Arabe. Tu as plus de chance de te faire contrôler, aussi, sans aucune raison. C'est un sujet important à traiter, parce qu'il y a encore trop de gens qui ferment les yeux sur cette injustice. Dès le début, nous savons qu'il est innocent, mais il continue d'être accusé, encore et encore.
C'était très énervant à lire d'ailleurs. Parce que les habitants, ses voisins sont conscients qu'il est innocent, mais les flics, les journalistes s'acharnent. On sait tous que dans la vraie vie, c'est le cas. Les journalistes aiment faire des torchons racistes.
C'est un livre dur à lire, mais cela fait prendre conscience de la réalité, et c'est une bonne chose.

Il y a aussi d'autres personnages, tous très importants ;
Un homme qui se rapproche dangereusement des 90 ans, mais qui continue à conduire, à mener des enquêtes.. J'ai adoré ce personnage. Très vulgaire, beaucoup de gros mots sortent de sa bouche, mais c'était drôle, et puis c'est un peu le cliché du papy qui ronchonne pour un oui ou pour un non, en version drôle. le dernier communiste d'Ariège.

Une punkette ancienne flic, qui n'est jamais sans son chien. J'ai beaucoup aimé ce personnage puisqu'elle a été maître chien, qu'elle a sut éduquer son chien, et que c'est ce que j'aimerai faire. Elle est aussi très touchante à un moment, mais je ne peux rien dire, sinon je risque de spoiler.

Un gardien de musée, passionné d'histoire, qui est naïvement drôle. Malgré ses peurs qui sont souvent présentes, il n'hésite pas à mener l'enquête, avec une partenaire de choc...
C'est avec lui, dans ses passages qu'on parle le plus d'Histoire. Ce n'est pas quelque chose qui m'a dérangé, au contraire, j'adore L’Histoire, j'adore apprendre des choses.. Mais je pense que cela peut gêner, surtout lorsque le livre est un pavé.

L'Anglaise qui connaît bien Mehdi, qui se bats pour lui, qui n'hésite pas à foncer tête baissée pour trouver le véritable coupable.. Un personnage intéressant, attachant.

Et mon personnage préféré pour la fin : La fan de chats. Assez flippante sur les bords, elle se promène avec un pistolet, mais très attendrissante lorsqu'on voit l'amour qu'elle porte à ses chats, qu'on compte par trentaine... Un mystère plane sur ce personnage, et ce, tout le long du récit. Pourquoi est-elle commence ça, pourquoi est-elle particulièrement douée en enquête, en espionnage, pourquoi d'aussi bonnes déductions...

Il y a trois enquêtes qui mènent tous à une seule et même enquête, un seul et même but : prouver que Mehdi est innocent. C'est beau de voir cette bande, qui ne se connait pas vraiment, travailler autant... J'avoue avoir eu envie de mener l'enquête avec eux.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce bouquin, même si j'avais très peur de ce pavé au début. C'est addictif, très dur à lâcher. Ce n'est pas si sanglant que ça, j'imaginais pire. La plume de l'auteur est intéressante, simple mais addictive, elle aussi.

Le seul point négatif est les longueurs à certains moments, j'ai parfois eu l'impression que rien n'avançait, qu'ils tournaient en rond et cela peut être agaçant. Mais il n'y a que deux/trois moments de ce genre, en 600 pages, c'est très peu.

En bref, un très bon livre, une fin surprenante, avec un rebondissement même après la révélation du tueur. Une plume addictive, une petite briquette qu’on lit tout de même rapidement. Je me suis beaucoup attachée aux personnages, j’ai eu du mal à leur dire au revoir.

Je lui donne donc la note de 4,5/5, ce livre a frôlé le coup de coeur !

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